13 choses que je sais sur le design

Rémi Garcia
6 min readAug 31, 2021

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Il y a beaucoup de choses à dire sur le design. Depuis maintenant 11 ans que je pratique et réfléchis sur cette discipline. Au cours de mon parcours, j’ai pu affiner ma vision du design, me documentant ou cherchant à comprendre le fond culturel du design.

Voilà donc une liste non-exhaustive de ce que j’ai pu apprendre.

1 — Le design est, tout simplement, une activité de création délibérée

L’essence du design ne réside ni dans sa méthode, ni dans son résultat, ni dans son périmètre d’exécution. Le design est à partir du moment où une personne décide de créer quelque chose consciemment. Dans ce sens, l’art et l’artisanat sont aussi des formes du design.

Le design c’est la formalisation intentionnelle d’une idée avec l’objectif de la rendre réelle concrètement.

2 — Le design est un outil de modelage de la réalité

Le design ne se résume pas à une méthode de résolution de problèmes ou à la création de beaux visuels ou de beaux objets. Il a en réalité le pouvoir de transformer le monde, de modeler notre réalité, de créer le futur.

Nos objets, nos technologies, notre environnement influencent notre mode de vie. Et c’est en partie ce que créent les designers. L’urbaniste influence nos modes de déplacements et d’habitations, les designers d’objets la façon dont nous allons réaliser telle ou telle action.

3 — Cette activité s’exprime à travers une technique

Le design se transmet à travers une technique, un savoir-faire. Peu importe que ce soit le support numérique, le papier et l’imprimerie, le travail du bois, la peinture ou l’architecture.

Le designer est un spécialiste d’un support qui lui permet de sculpter son idée dans la matière.

4 — Cette activité s’inscrit dans une idéologie

Le design n’est qu’un outil. Son approche et le résultat qu’on en attend dépend avant tout de l’état d’esprit dans lequel on veut l’utiliser.

Si aujourd’hui le design est méthodique et scientifique c’est parce qu’il doit répondre aux exigences tayloristes de nos modes et ambitions de productions. Il est collaboratif parce que la société se veut collaborative, horizontale et engageante. Il est orienté utilisateur parce que réduire les efforts est le moyen le plus simple de vendre.

Mais ce n’est pas parce qu’il est tel quel maintenant, qu’il ne peut pas avoir d’autres formes. Des formes qu’il nous reste à inventer.

5 — Intention, conceptualisation, expérimentation et documentation sont les seules étapes nécessaires (et pas nécessairement dans cet ordre)

Au cœur du design se trouvent deux étapes phares. Les deux seules qui sont, au final, incontournables : l’intention et l’expérimentation.

  • L’intention c’est l’étincelle qui nous met en marche, la but à atteindre, l’envie profonde.
  • L’expérimentation est le processus de création, un processus d’affinage par essais et erreurs.

Comme un sculpteur, le designer va retirer et ajouter des parties de son matériel initial jusqu’à atteindre le résultat qu’il espère.

Pour gagner du temps, il peut alors compléter ce processus par deux autres étape :

  • La conceptualisation qui consiste à trouver des formes essentielles permettant d’exprimer son intention. Il va concevoir des concepts, des modèles intellectuels qui pourraient répondre à ses attentes.
  • La phase de documentation où le designer va chercher de l’inspiration, chercher à comprendre les mécaniques ou attentes sous-jacentes qui lui permettront de construire la meilleure forme.

6— Un design n’est que le reflet de ce qu’on veut en faire.

Beaucoup de personnes pensent que le design est un moyen de gérer la complexité. C’est lui donner des capacités qu’il n’a pas.Dans la réalité, si un processus est complexe alors le design sera complexe. À l’inverse, si le processus est simple alors le design sera simple.

Le design n’est pas un pouvoir magique permettant de transformer des systèmes complexes en quelque chose de simple et intuitif.

7— Un bon design devrait toujours ramener à la simplicité

Cependant un des fondements du design reste l’essentialisme. Un design réussi est un design qui se concentre uniquement sur ce qui est important et qui élimine ce qui ne sert à rien ou qui est gadget.

Toute action de design doit tendre vers cette simplicité.

8— Simple ne veut pas dire simpliste.

Mais simple ne veut pas dire vide ou épuré.

Chez les Imagineers, les concepteurs des parcs Disney, ils ont une formule qui explique bien cette idée, celle des 4 niveaux de détail :

  • Au premier niveau, tu es à la campagne et tu voies au-dessus des arbres quelques hauts bâtiments comme le clocher d’une église.
  • Au deuxième niveau, tu marches dans le village depuis la rue principale, tu peux voir l’agencement de la rue, la disposition des bâtiments, les décorations, l’ambiance globale.
  • Au troisième niveau, tu regardes plus attentivement les bâtiments, leur couleur, leur forme, leur texture…
  • Au quatrième niveau, tu es sur le pas de la porte et tu attrapes la poignée, tu peux ressentir sa texture et sa température, voir les nervures du bois et ses nœuds.

Du global simple et direct, donnant la direction, jusqu’au détail complexes des éléments individuels qui transmettent l’émotion.

9— Un bon design c’est une histoire motivante dans un univers unique à travers une interface ludique.

Le cœur d’un bon design se déroule autour de trois composantes majeures :

  • Une histoire motivante qui fait rêver, inspire et pousse à l’action.
  • Un univers unique qui amplifie les émotions.
  • Une interface ludique qui donne du plaisir quand on s’en sert.

10 — Un bon design améliore les expériences, est beau dans sa fonction ET dans sa forme et transforme la société et sa perception.

Un bon design possède 3 caractéristiques innées :

  • Il rend les expériences plus belles et plus intenses, plus douces ou plus grandes. Il doit rendre le quotidien plus agréable à vivre.
  • Il se doit d’être beau tant dans sa fonction que dans sa forme car la beauté est une forme d’idéal, de perfection de l’usage et de la forme.
  • Il transforme le monde dans sa réalité physique mais aussi dans sa perception. Il doit bouleverser la société dans sa façon d’être et d’agir.

11 — Pour l’humain, pour le monde, pour l’utopie

C’est son objectif final, son dessein. Le design doit donner à chacun des outils pour que nous puissions nous émanciper, être plus autonome. Si le design aliène, enferme alors il a échoué dans sa mission.

Le design doit le faire dans le respect du monde et du vivant. Il doit réparer, faire grandir, régénérer, s’inclure dans cet écosystème qu’est la Terre.

Enfin le design doit chercher à rendre le monde meilleur. Plus grand, plus beau, plus juste. Il doit toujours tendre vers cet idéal inaccessible que sont les utopies.

12 — Vouloir ranger les designers dans un même moule c’est comme vouloir que le monde ne soit composé que de cubes.

Le monde industriel dans lequel se pratique généralement le design a cette fâcheuse tendance à tout vouloir normaliser. Or si le design est unique, les designers qui le pratiquent sont tous différents.Chacun de nous a ses talents, ses faiblesses, ses appétences…Autant de nuances qui offrent des opportunités nouvelles.

Que pourrions-nous faire si les créateurs se concentraient sur la création, les optimiseurs sur l’amélioration, les collaboratifs sur le partage ? À quoi ressemblerait le monde si chacun jouait sur ses forces plutôt que d’être moyen en tout ?

13 — Les grandes oeuvres sont toujours personnelles

On ne crée pas de grandes choses en essayant de faire comme tout le monde. Les grands oeuvres sont toujours personnelles. Nées d’esprit, souvent très ordinaires, mais avec un point de vue, une ambition unique. Walt Disney, Steve Jobs, Einstein, Walter Gropius, Henry Ford, Christophe Colomb, Galilée… Tous ont changé le monde parce que ça leur tenait à cœur. Parce qu’ils voyaient quelque chose qu’ils étaient les seuls à pouvoir voir. Parce qu’ils avaient confiance en leur vision unique du monde.

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Rémi Garcia

Designer d’expérience un peu rebelle, passionné d’éducation, touche-à-tout, illustrateur et auteur à ses heures perdues. Geek dans la vraie vie.